Nocivité, nociception et douleur
Auteur | Rubrique de cours | Relecteur | Responsable |
Arthur Courtin | Douleur, différente de nociception | Nathan Risch | Jan-Hendrik Maitre |
Stimulus nocif : stimulus ayant la capacité de nuire à un tissu normal
Ce qui définit le stimulus nocif est le fait qu’il constitue une menace réelle ou potentielle pour le corps. Dès lors, il peut prendre la forme d’une grande quantité d’énergies physiques différentes : énergie mécanique, thermique, électromagnétique…
De plus, bien souvent, le caractère nocif ou non du stimulus est une question de dosage. Par exemple, de petits chocs (énergie mécanique ; eg. pendant la course à pied) exercés sur un os ne sont pas nocifs et, au contraire, permettent de le renforcer au long cours. 1A condition pour l’os d’avoir le temps de récupérer, l’accumulation de petits chocs peut mener à une fracture de fatigue. En revanche, un choc important (énergie mécanique ; eg. percussion par une voiture) peut provoquer la fracture de l’os.
Stimulus nociceptif : stimulus ayant la capacité d’activer le système nociceptif
Il est important, en lisant cette définition de se rappeler que l’activation du système nociceptif n’implique pas forcément de perception (prise de conscience) et encore moins de perception douloureuse. Le système nociceptif est capable de générer un éventail assez large de sensations plus ou moins aversive. Quand l’on approche sa main d’un objet chaud et que l’on a envie de le retirer car on sent l’imminence de la brûlure, c’est déjà le système nociceptif qui est à l’œuvre.
Comme nous l’avons vu, le rôle du système nociceptif est d’encoder les stimuli nocifs afin de protéger l’intégrité du corps. Cependant, les définitions de stimuli nocifs et nociceptifs ne se recouvrent pas toujours pleinement.
Un stimulus peut être nocif et non nociceptif. C’est par exemple le cas du monoxyde de carbone (CO). Ce gaz, issu d’une réaction de combustion incomplète, est inodore, incolore et non-irritant. Il est par contre hautement toxique, se fixant à la place de l’oxygène sur l’hémoglobine il provoque rapidement l’asphyxie des personnes qui y sont exposées, ce qui lui a valu le surnom de “tueur silencieux”.
Un stimulus peut aussi être nociceptif mais non-nocif. C’est le cas de la capsaïcine 2Sous réserve de ne pas y être allergique. Le lecteur notera également que l’influx massif de Ca2+ dans les afférents primaires exprimant TRPV1 exposés à de hautes doses de capsaïcine (non rencontrés dans l’environnement naturel) provoque la destruction de leurs terminaisons, entraînant une dénervation transitoire de ces fibres, le principe actif du piment, qui provoque cette sensation de brûlure bien connue des amateurs de nourriture épicée. Cette molécule agit en sensibilisant un canal ionique (TRPV1) participant à la transduction des stimuli chauds/brûlants. Le seuil d’activation de ce canal étant abaissé, la température de la peau suffit à l’activer et à générer une sensation de brûlure. La capsaïcine n’est cependant pas nocive. 3Dans une situation rencontrées dans la vie de tous les jours, par exemple quand on mange un piment. A très haute dose, la capsaïcine peut entraîner la mort des neurones qui y sont sensibles. Ce mécanisme d’action est utilisé dans le traitement de certaines douleurs.
Stimulus algogène: stimulus provoquant une perception douloureuse
Comme nous l’avons évoqué précédemment, tous les stimuli nociceptifs et nocifs ne sont pas algogènes. En principe, il faut que le stimulus soit nociceptif et d’une intensité suffisante pour qu’il entraîne une perception douloureuse et non pas juste aversive. Cependant, comme nous l’avons déjà évoqué, la douleur est une expérience complexe et multi-sensorielle. Le contexte influe très fortement sur la perception douloureuse, allant parfois jusqu’à en générer une sans qu’il y ait nociception ou, à l’inverse, à ne pas en générer alors qu’il y a effectivement une lésion. Nous en parlerons plus en détail dans la fiche “douleur et lésion ne vont pas forcément de pair”.
Idées clés :
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Pour aller plus loin :
Sur le monoxyde de carbone
https://www.jobvitae.fr/actualites/sante/intoxications-au-monoxyde-de-carbone-le-combat-des-soignants/
http://www.centreantipoisons.be/monoxyde-de-carbone/le-monoxyde-de-carbone-co-en-d-tail/comment-agit-le-co-sur-l-organisme
Sur la capsaïcine
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9349813
https://blogcabaneachanvre.com/2013/09/16/la-capsaicine-lepice-de-la-vie/
Bibliographie
1. Caterina MJ, Schumacher MA, Tominaga M, Rosen TA, Levine JD, Julius D. The capsaicin receptor: a heat-activated ion channel in the pain pathway. Nature. 1997;389(6653):816-24.
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